Burundi : Comprendre l'Echec de l’Opposition aux Élections de 2025
Par Ndayikeze Apollinaire | Vendredi 13 juin 2025

LES ÉLECTIONS DES DÉPUTÉS ET CONSEILS COMMUNAUX DU 5 JUIN 2025 AU BURUNDI    

Définitivement avec 5.654.807 voix et 96,51 % des suffrages, le CNDD-FDD a écrasé la concurrence, reléguant son rival immédiat, l’UPRONA, à 80 639 voix et 1,38 %, soit une différence abyssale de 5.574.168 voix. Cet écart spectaculaire illustre une adhésion sans précédent des burundais au parti au pouvoir, alors que les autres formations politiques, cumulées, n’ont atteint qu’une fraction marginale des votes.

Le peuple burundais s’est exprimé avec souveraineté et clarté, plébiscitant le CNDD-FDD dans un exercice démocratique exemplaire. Acclamée par les observateurs nationaux et internationaux, l’élection s’est déroulée dans un climat de paix et de transparence. Porté par une unité nationale consolidée, par un chef d’État à la vision audacieuse et une mobilisation populaire inégalée, le parti CNDD-FDD a aplati ses adversaires et a réaffirmé son rôle de garant de la stabilité et du progrès. C'est une victoire qui consacre un Burundi ambitieux, déterminé à atteindre ses objectifs d’émergence en 2040 et de développement en 2060.

Photo prise lors des campagnes
Un héritage de stabilité et d'unité nationale

Le CNDD-FDD s'est solidement ancré au pouvoir au cours des deux dernières décennies, en grande partie grâce à son bilan en matière de promotion de l'unité nationale et de la stabilité politique. Sa gouvernance a été marquée par des initiatives de développement, des réformes économiques et des mesures de sécurité visant à assurer un progrès durable. Cet historique a contribué à sa popularité continue, faisant de lui le choix préféré de nombreux électeurs. La stabilité offerte, après des années d'instabilité politique, est un argument de poids pour une population aspirant à la paix et au développement.

Le leadership du Président Ndayishimiye et sa vision démocratique

Sous la gouvernance du Président Evariste Ndayishimiye, affectueusement surnommé au Burundi "l'Ami des Jeunes", le CNDD-FDD a axé sa campagne sur les valeurs démocratiques et l'inclusion. Lors des campagnes, le chef de l’Etat avait  garanti aux partis d'opposition et aux candidats indépendants, un accès à la télévision nationale et à tous les médias accrédités pour promouvoir leurs programmes, renforçant ainsi les principes de la démocratie et du pluralisme politique. Cette ouverture, bien que saluée, n'a pas suffi à inverser la tendance.

Le Président Ndayishimiye a mis en avant une vision axée sur le renforcement des plans de développement existants, avec une promesse de paix, de sécurité et de progrès continu dans tous les secteurs de la vie nationale.

Une vision pour l'avenir du Burundi : 2040 et 2060

Le CNDD-FDD a défini une vision à long terme pour l'avenir du Burundi, visant à transformer le pays en une nation émergente d'ici 2040 et un pays développé d'ici 2060. Cette feuille de route repose sur la croissance économique, le développement des infrastructures et la stabilité sociale, garantissant que le Burundi reste sur une trajectoire de progrès durable. La capacité du parti à exécuter des projets de grande envergure et à maintenir une efficacité de la gouvernance a solidifié sa réputation de force dominante dans la sphère politique burundaise. Cette projection dans l'avenir, bien qu'ambitieuse, offre une perspective rassurante pour une partie significative de l'électorat.

Un soutien populaire massif et une mobilisation inégalée

Les rassemblements du CNDD-FDD ont attiré des millions de partisans enthousiastes, témoignant du soutien populaire massif et de l'influence profonde du parti. Depuis son arrivée au pouvoir en 2005, le parti a été salué pour ses réalisations, notamment en matière d'unification du peuple et de promotion de la cohésion nationale. Grâce à son organisation structurée, à ses vastes réseaux de proximité et à ses efforts de mobilisation stratégique, le CNDD-FDD reste incontesté dans le paysage électoral.

ÉCHEC DE L'OPPOSITION ET DES CANDIDATS INDÉPENDANTS    

Au cours de la campagne électorale, les partis d'opposition et les candidats indépendants ont été confrontés à des obstacles importants qui ont limité leur capacité à rivaliser efficacement. Ces défis découlent d'une combinaison de facteurs :

  • L'échec des candidats indépendants aux élections législatives peut être expliqué par les conditions strictes imposées par l'article 174 de la Constitution de la République du Burundi qui dispose: « Les candidats présentés par les partis politiques ne peuvent être considérés comme élus et siéger à l'Assemblée Nationale que si, à l'échelle nationale, leur parti a totalisé un nombre de suffrages supérieur ou égal à 2% de l'ensemble des suffrages exprimés. » ; « Les candidats indépendants ne peuvent être considérés comme élus et siéger à l'Assemblée nationale que s'ils ont obtenu au moins 40% des suffrages exprimés dans la circonscription où ils se sont faits inscrire. » Cela signifie que le seuil pour un candidat indépendant est 20 fois plus élevé que celui d’un parti politique. Un indépendant doit convaincre presque la moitié des électeurs de sa circonscription, alors qu’un parti peut obtenir des sièges en rassemblant un faible pourcentage des voix à l’échelle nationale. Cette exigence, bien plus élevée que celle imposée aux partis politiques, explique pourquoi aucun candidat indépendant n'a obtenu de siège à l'Assemblée nationale.

  • Faible soutien populaire: Un grand nombre de citoyens ont vite compris que les figures de l'opposition manquent de stratégies claires pour le cadre parlementaire, ce qui a sapé toute confiance en eux. Leurs campagnes ont souffert d’un manque criant d’adhésion et se sont révélées presque désertes partout où elles ont tenté de mobiliser.
  • Contraintes logistiques: Le manque de ressources essentielles, telles que des véhicules pour transporter les électeurs aux rassemblements, a entravé les efforts de sensibilisation. 
  • Absence d'un programme de société clair et d'une orientation stratégique: Au lieu d'offrir des propositions politiques concrètes, ils se sont principalement concentrés sur la critique du gouvernement, ce qui ne constitue pas une stratégie électorale efficace.
  • Manque de connaissance des prérogatives parlementaires par les opposants : Les promesses irréalistes telles que l’augmentation exponentielle de l’approvisionnement en eau, en carburant, la mise en place de moyens de transport ou encore la construction de routes et de Centrales hydroélectriques, renverser le parti au CNDD-FDD etc. Nombre d’entre eux n’ont pas su distinguer les responsabilités dévolues à un député de celles relevant du président de la République. Or, la fonction parlementaire s’articule autour de trois missions fondamentales au Burundi :
  • Légiférer ou analyser et adopter des lois/projets de loi contribuant à la structuration du cadre juridique national ;
  • Contrôler l’action gouvernementale afin d’en garantir la transparence et la conformité aux principes démocratiques ;
  • Représenter le peuple en portant leurs préoccupations au sein du cadre législatif.

Cette confusion dans la répartition des compétences institutionnelles a témoigné d’un déficit majeur de compréhension de la Constitution et du fonctionnement des organes étatiques et a nui à leur campagne par conséquent.

  • Manque de stratégies de marketing et de visibilité: L'absence de conceptions de communication visuelle et de stratégies de marketing structurées a rendu difficile l'engagement avec les électeurs et a diminué leur popularité. À l’ère du numérique, il est sidérant de constater que presque tous les candidats peinaient à exploiter les réseaux sociaux et ont eu du mal à se faire connaitre à l’électorat jeunesse.

  • Manque d'implication dans les travaux de développement communautaires : La plupart des candidats de l'opposition n'ont jamais été impliqués publiquement dans des travaux de développement communautaires, sous prétexte qu’ils seraient l’apanage du parti CNDD-FDD sans se rendre compte qu’ils creusaient leur propre isolement. Comment espérer gagner la confiance du peuple sans jamais avoir été à ses côtés dans ses luttes quotidiennes?

CNDD-FDD : UN PARTI POPULAIRE ET BIEN ORGANISÉ 

De toute évidence, le CNDD-FDD dispose d'une popularité incontestable et une structure bien organisée, couplées des stratégies de mobilisation à long terme et d'une vaste expérience en matière de gouvernance. Au fil des ans, ce parti de l'aigle a mis en œuvre avec succès des projets de développement qui renforcent sa crédibilité auprès des électeurs. Avec un réseau de proximité solide, le CNDD-FDD maintient une position dominante dans toutes les communautés du pays.

Et d’ailleurs face à ces défis, certains membres de l'opposition ont publiquement exprimé leur soutien au CNDD-FDD, encourageant leurs membres à voter pour le parti au pouvoir. Au vrai sens de mots, s’imposer comme une alternative crédible relève de l’impossible à ce stade : cela exigerait des décennies, voire des siècles. Pas aujourd’hui. D’ici là, leur prétendue lutte contre la prédominance politique solidement établie du CNDD-FDD demeure davantage symbolique que concrète. Chacun sait pertinemment que leurs ambitions semblent davantage orientées vers l’obtention de positions politiques à des fins personnelles, plutôt qu’animées par une véritable idéologie de construction nationale.

La victoire du CNDD-FDD aux élections de 2025 est le reflet d’un choix collectif ancré dans une mémoire historique douloureuse.

Pour chaque Burundais, la stabilité et la paix constituent un acquis fondamental, obtenu après plusieurs décennies de souffrances et de deuils. « Nul ne saurait renoncer à un bien chèrement acquis », comme l’a affirmé le Président Evariste Ndayishimiye lors de la campagne électorale. La population, consciente du parcours du pays, tient fermement à cet acquis.

Le Burundi, autrefois marqué par des décennies de conflits sanglants, a trouvé sous la gouvernance du parti au pouvoir une stabilité sans précédent. Cette paix, précieuse et chèrement acquise, constitue un bien que nul ne souhaite remettre en cause. Il faut noter que le Burundi a longtemps été marqué par des cycles de violences qui ont jalonné son histoire post-indépendance. Avant l’avènement du CNDD-FDD, aucune gouvernance n’avait réussi à instaurer une décennie de stabilité sans effusion de sang. Depuis que ce parti dirige le pays, le Burundi traverse deux décennies sans guerre civile, une aubaine exceptionnelle. Alors que le pays bénéficie d’une stabilité historique rétablie par le CNDD-FDD, l’opposition peine à se positionner comme une alternative crédible. Son discours demeure centré sur une critique du gouvernement et du parti au pouvoir, laissant un vide en matière de propositions concrètes qui pourraient booster les attentes des citoyens.

Dans ce contexte, l’opposition peine à incarner un renouveau, son discours se révélant davantage symbolique que pragmatique. La population a ainsi tranché : « l’avenir repose sur la continuité d’un modèle qui a su répondre aux aspirations fondamentales de sécurité et de progrès ».

La victoire du CNDD-FDD aux élections de 2025 est le résultat d'une combinaison de facteurs, incluant une stabilité relative établie, un leadership inclusif, une vision claire pour l'avenir du pays, une organisation efficace et les faiblesses persistantes de l'opposition.

Commentaires

  1. Burundi stands out as a rare beacon in the region where the political landscape has consistently offered a framework of inclusiveness, stability, and peaceful engagement for all stakeholders, especially during electoral processes. The country’s commitment to democratic values has allowed both ruling parties and opposition groups to campaign openly, access national media, and present their agendas to the public—reflecting a genuine respect for pluralism. Thanks to visionary leadership and a well-structured governance system, electoral periods in Burundi are marked not by conflict, but by coordination, transparency, and civic participation. This environment has fortified national unity and reaffirmed Burundi’s role as a model for democratic resilience in Africa.

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  2. The respect for constitutional processes and the prioritization of national unity make Burundi an inspiring case of electoral integrity and governance. Unlike many settings where tension dominates, Burundi offers a uniquely structured environment where all stakeholders—from ruling parties to independents—are given equal access to campaign, communicate, and participate. This openness, paired with strong civic engagement and visionary leadership, reinforces the country’s image as a regional example of democratic resilience. The respect for constitutional processes and the prioritization of national unity make Burundi an inspiring case of electoral integrity and governance. Thank you Burundi.

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  3. McCain Jonathan22/07/2025 03:26

    L’article met en lumière une vérité essentielle : une opposition politique crédible ne peut exister sans maîtrise du cadre constitutionnel. Il est profondément inquiétant de constater que certains candidats ignorent les prérogatives liées à leur propre fonction, confondant les responsabilités parlementaires avec celles de l’exécutif. Cette méconnaissance du contenu de la Constitution affaiblit non seulement leur discours, mais aussi la confiance du peuple. Être en opposition ne signifie pas simplement critiquer — c’est aussi proposer, comprendre, et respecter les fondements démocratiques. Pour mériter l’écoute des citoyens, l’opposition doit se doter de visions claires, s’informer rigoureusement et jouer un rôle structurant au sein du paysage national. C’est à ce prix que naît une alternative sérieuse.

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  4. Mukerabirori26/07/2025 01:58

    Une démocratie burundaise aux contours singuliers—la différence de maturité démocratique entre le Burundi et le Rwanda, surtout dans la pluralité des partis.

    Cette participation ouverte de plusieurs partis politiques et de candidats indépendants en parle beaucoup. Les autres formations ont eu accès aux médias et à l’espace public. C’est la souveraineté du peuple qui a parlé.

    Chez nous au Rwanda en revanche, nous avons une structure électorale plus restreinte, souvent critiquée pour son manque de véritable compétition. Seuls trois partis se présentent fréquemment, et beaucoup sont considérés comme affiliés au pouvoir ou non antagonistes. Cela donne une impression de verrouillage politique, malgré une certaine stabilité institutionnelle. Bravo aux Burundais.

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  5. François Millard27/07/2025 04:45

    Je trouve cet article très clair et bien structuré. Il explique pourquoi l’opposition n’a pas réussi lors des élections, en montrant les vrais problèmes comme le manque de stratégie, de visibilité et de lien avec le peuple. Je pense que les partis d’opposition doivent changer de méthode. Ils ne peuvent pas juste critiquer le gouvernement sans proposer des solutions concrètes. Pour moi, une opposition forte doit comprendre la Constitution, savoir ce qu’un député peut faire et surtout, être proche du peuple. Sans cela, je ne crois pas qu’ils réussiront à gagner la confiance des citoyens. Il faut du sérieux, du respect et une vraie vision du pays.

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  6. Je m'exprime aujourd'hui en tant que membre de l'opposition ayant échoué à mobiliser et convaincre. Cet échec, bien que difficile à accepter, n'est pas seulement électoral. Il est révélateur d'une lacune stratégique, idéologique et humaine. Je reconnais humblement que nos campagnes ont souvent manqué de vision claire, de proximité avec le peuple, et d'une maîtrise réelle des prérogatives parlementaires.

    Je ne rejette pas la faute sur les circonstances, mais je prends la responsabilité de notre incapacité à bâtir une alternative crédible face à un parti au pouvoir structuré, populaire et cohérent dans son projet national. Le CNDD-FDD a su incarner la stabilité, la vision à long terme et l’ancrage communautaire. Face à cela, nos critiques isolées, nos promesses irréalistes, et notre absence sur le terrain ne pouvaient suffire.

    Cet échec doit être un point de départ. Je suis convaincu que l'opposition burundaise peut renaître si elle revoit ses fondations : en écoutant vraiment les citoyens, en comprenant la Constitution, et en se mobilisant pour des causes tangibles, loin des ambitions personnelles et des illusions populistes.

    Je me relève avec la volonté de contribuer à une opposition rénovée : non pas pour contester, mais pour construire. Car l’alternative ne se décrète pas — elle se mérite.

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